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Adaptation des curricula de formation au marché du travail: Eléonore Ladékan Yayi, Yao Ydo et Urbain Amégbédji édifient (La Nation)

A la faveur de la conférence en ligne, jeudi 23 mars, sur le thème :« Repenser les curricula de formation pour les emplois d’aujourd’hui et de demain », Eléonore Yayi Ladékan, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a dressé le parcours du Bénin sur ce chantier, et levé un coin de voile sur les perspectives. Il a été appuyé par le directeur général de l’Agence nationale pour l’Emploi qui a partagé avec l’auditoire les réalités et dynamiques du terrain. La stratégie du gouvernement béninois visant à transformer les curricula de formation est en parfaite adéquation avec les recommandations du Bureau international d’éducation (Bie) qui est un centre de l’Unesco spécialisé dans le développement des contenus, méthodes et structures d’éducation. Du moins, c’est qui ressort des développements faits par Yao Ydo, directeur du Bie. Les trois intervenants de la conférence en ligne initiée par le journal La Nation, ont édifié sur les initiatives et approches mises en oeuvre pour changer de paradigmes, réformer les politiques et systèmes de formation standards.

Le travail d’adaptation des curricula de formation que fait le gouvernement béninois est en parfaite cohérence avec les pistes retenues par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) pour bâtir un système éducatif plus pertinent en Afrique. L’intervention de Yao Ydo, directeur du Bureau international d’éducation (Bie) de l’institution, à l’occasion du webinaire organisé par le quotidien La Nation, ce jeudi, l’illustre à suffisance. Le Bie accompagne les Etats comme le Bénin, qui souhaitent bâtir un système éducatif plus résilient face aux catastrophes, aux pandémies/épidémies, etc. Pour y arriver, l’institution propose 16 leviers d’amélioration de la qualité de l’offre de formation. Yao Ydo cite quelques-uns qui, de son point de vue, pourraient aussi intéresser le Bénin au regard des défis actuels de son système éducatif. « Le premier levier, dit-il, est l’allègement des programmes scolaires ». Le directeur du Bie rappelle, en effet, que les programmes et les curricula sont trop chargés, lourds, avec des cours obsolètes qui sont dans les programmes de formation depuis plusieurs dizaines d’années. Il est ravi que le Bénin soit déjà engagé dans cette dynamique de suppression des cours qui alourdissent inutilement les programmes et curricula de formation. « Le deuxième axe que propose le Bie, c’est la promotion des pédagogies innovantes basées sur la créativité, ceci en lieu et place de la mémorisation qui sous-tend les pédagogies actuelles », informe Yao Ydo. Les meilleurs élèves à une époque donnée, détaille-t-il, sont ceux qui mémorisent les cours et les déversent intégralement lors des évaluations. Mais aujourd’hui, les apprenants, plus actifs, ingénieux et curieux ne veulent plus de la mémorisation. L’Unesco tient compte de cette tendance et suggère davantage la promotion de la créativité et de l’esprit critique des enfants. Autrement dit, il faut changer les vieilles pédagogies et promouvoir des pédagogies innovantes.

Le troisième axe est la réduction du quantum horaire. Les apprenants ont du mal aujourd’hui à se concentrer pendant une heure de cours en classe. Pourtant, il y a des cours d’une heure et plus dans les écoles et universités. L’Unesco a engagé des réflexions pour qu’il y ait des matières de 30 ou 40 min. Le Bénin est aussi dans cette dynamique et fait un gros effort dans ce sens. A ce sujet, Eléonore Yayi Ladékan, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, donne l’exemple des universités publiques qui ont réduit les quantums horaires de plusieurs cours.

Le numérique devenu incontournable

La promotion des Technologies de l’information et de la communication (Tic), de l’enseignement hybride et du numérique à l’école est le quatrième axe que propose l’Unesco. « C’est heureux de savoir que le Bénin a mené beaucoup d’actions en 2020 lorsque les écoles étaient fermées en raison de la Covid-19, pour la continuité de l’éducation par l’utilisation des Tic. Vous êtes un des pays qui ont réussi le mieux à faire quelque chose…», a reconnu le directeur du Bie. Mais en Afrique, moins de 5 % des enfants ont bénéficié de la continuité de l’éducation au cours de la pandémie, regrette-t-il. En misant donc sur les Tic, son institution souhaite maximiser le potentiel de l’intelligence artificielle et des smartphones au profit de la pédagogie et de l’éducation. « Nous voulons lutter contre l’interdiction des smartphones en classe… », fait-il savoir. A l’en croire, si l’on veut que les enfants et les jeunes s’intéressent à une thématique, il faut la mettre dans les tablettes et les smartphones afin d’accompagner les enseignants.

De plus, à travers cet axe, l’Unesco veut accélérer la promotion des compétences digitales dès le primaire, car en Afrique, des millions d’apprenants font de la classe de Ci en Terminale sans toucher à un ordinateur. « Selon des études de la Banque mondiale, d’ici 20 à 30 ans, 70 % des emplois actuels vont disparaitre au profit d’emplois basés sur les compétences numériques. Donc, nous devons préparer les enfants, les occuper et leur permettre de créer leur propre emploi… », a souligné Yao Ydo. Sur ce point, le Bénin œuvre inlassablement avec ses partenaires en initiant beaucoup d’actions comme les classes numériques et la formation des jeunes aux métiers du numérique.

Un autre axe sur lequel le Bie travaille et qui pourrait aussi intéresser le Bénin, c’est la promotion des curricula endogènes. « Nous voulons travailler à ce que l’école cesse d’être le lieu où les cultures africaines se meurent… L’objectif, c’est comment faire pour que les cultures africaines et l’éducation multilingue soient valorisées à l’école… », précise le directeur du Bureau international d’éducation de l’Unesco. Une fois encore, le webinaire du quotidien La Nation a été un moment riche en échanges et partage d’expériences. Tous les points de vue s’accordent sur l’adaptation des curricula aux emplois d’aujourd’hui et de demain, et la formation des apprenants à l’auto-emploi, même si les approches pour y arriver peuvent varier.











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